22. Michelle et Francis

 Le parcours croisé de deux personnages du football bénéluxien ; un homme, une femme, trois destins.

Une carrière remarquable de footballeuse

Michelle Vaillant fut une des plus talentueuses joueuses de football de l’histoire. Née à Valenciennes dans le Nord de la France, elle y commença sa carrière footballistique, avant d’être transférée à 18 ans outre-quiévrain, dans le club beneluxien voisin de Mons. Michelle, ambitieuse, costaude et déterminée, professionnelle et disposant d’une vraie vision du jeu, y devint la capitaine incontestée de l’équipe ; ce qui lui valut par ailleurs sa première sélection internationale avec le Benelux, elle qui disposait de la double-nationalité.

Le frère

Francis Stevenborg était bien moins connu que son frère Mickey. Le célèbre entraineur bénéluxo-suédois, son ainé, menait la grande carrière en partant du RFC Union Luxembourg, en passant par Dag & Red, le Borussia Dortmund, puis plus tard l’Impact de Montréal, et enfin, le FC Metz. Il devient ensuite ambassadeur de l'Evian Léman FC.

Francis quant à lui, était plus casanier. Il était resté préparateur physique au RFC Union Luxembourg après le départ de son frère, puis était devenu un des deux adjoints deux saisons plus tard. Francis continuait à entrainer les équipes de jeunes. Sa victoire en U18 avec l’équipe locale dans la Coupe du Luxembourg avait attiré l’intérêt de clubs alentours, dont le FC Metz, toujours à l’affût de talents au Grand-Duché.

Francis continuait à résister aux sirènes des transferts, quand Mickey suivait sa propre voie sur différents horizons. Le cadet concéda toutefois d’accompagner les U18 du Benelux comme préparateur physique pour la Coupe du Monde qui se jouait à cheval entre Bruxelles, Amsterdam, Hambourg et Copenhague. Et le Benelux y atteindra la Finale face à l’Empire Chinois.

Au cours de cette aventure, et de passage dans l’ex-capitale belge et européenne, Francis y rencontra Georges Rémy, le président du Retaliation Football Club de Mons. Il finit par se laisser convaincre de rejoindre l’équipe féminine qui jouait les premiers rôles dans le championnat beneluxien.

La rencontre

C’est lors de cette première saison avec l’équipe féminine du RFC Mons Féminin, que Francis y découvrit Michelle, jeune recrûe franco-beneluxienne, qui se cherchait encore quelque peu. L’équipe déjouait en ce début de championnat, et la tactique imposée par l’entraineur ne fonctionnait pas. Elle changeait d’un match sur l’autre, et Francis, l’adjoint et préparateur physique, se retenait de critiquer le responsable en titre.

A la fin de l’été, Mons, vice-champion, était désormais avant-dernier. L’entraineur fut démis de ses fonctions, et Francis et son expérience obtinrent le poste par intérim. Arrivait alors le derby contre Anderlecht à domicile, devant probablement dix à douze milles spectateurs. Michelle était désormais titularisée au poste demi-défensif, elle qui savait rayonner avec ses courses transversales et ses passes assurées. C’est le poste qu’elle préférait.

Anderlecht mène 0-2 à la mi-temps. Si le premier but a été concédé dans les 5 premières minutes, les Montoises ont d’abord bien résisté, mais sans relever la tête. Et le couperet tomba avant la fin de la première période, alors que les Violettes reprenaient le jeu en main. 0-2. De quoi baisser la tête en rentrant au vestiaire, devant un public abasourdi. Michelle était pourtant remontée. Ce manque de réaction de son équipe l’accablait.

Francis tentait de relever le moral des troupes. Il voulait une réaction, mais savait que depuis des semaines l’équipe avait perdu en confiance. Il fallait donc manier le bâton et la carotte avec parcimonie. Et la seule personne qui lui semblait capable de relever le défi fut Michelle.

La deuxième période avait à peine démarré, que ce qui aurait pu être le coup de grâce tomba sèchement. Un pénalty était accordé aux Bruxelloises. Le public grondait autant envers le sort, qu’envers son équipe qui n’avait visiblement pas réagi, en tout cas pas positivement. Et qui sombrait encore. La lanterne rouge menaçait. Et Jockheck alourdit la marque. 0-3.

Au coup d’envoi, Michelle qui reçut une balle en retrait, rata son contrôle, et l’accablement la fit tomber dans les genoux. Elle baissait la tête, honteuse. La scène dura quelques secondes. Le public grondait toujours plus fort ; les coéquipières n’arrivaient pratiquement plus à rassurer Michelle… et au bout de ces quelques secondes, Michelle eut le sursaut de la survie. La suite fut héroïque.

Francis cria « Michelle debout », et Michelle se releva non seulement, mais remonta le menton, repris du poil de la bête et, repris en main son destin par la même occasion. Elle s’excusa d’abord auprès du public par un geste d’une main levée, repris une profonde respiration et cria à ses coéquipières de la rejoindre. La discrète gardienne-capitaine accourut elle-aussi. Le groupe s’était reformé et se reparlait au gré d’une touche, alors même que l’équipe d’Anderlecht se demandait ce qui se passait.

L’équipe de Mons se parla peut-être 30 secondes. Ce qui c’était passé dans le maul, était déterminant même pour le public, qui reprit ses encouragements. Michelle repartait à l’assaut appuyée par ses amis et un public, qui avait vu la métamorphose. Mons revint au score à 1-3 puis à 2-3, et c’est finalement Michelle qui parvient à égaliser en fin de match – devant un public aux anges.

Michelle fut portée aux nues par ses coéquipières, et gagna le cœur de Francis. Elle méritait alors le brassard de capitaine qu’elle arborait dès la partie suivante. Et Mons remonta au classement pour finir à 3 points des filles de l’Ajax, grandes championnes, mais battues à l’ultime journée sur un but de… Michelle.

Hertha Berlin, la fin de l’idylle

Un an après ce titre de vice-championnes, l’équipe de Mons perdait son entraineur et sa capitaine qui partait pour le Hertha Berlin. Le premier club à l’étranger pour Francis, mais qu’une étape de plus pour la jeune Michelle, heureuse de suivre son futur mari.

Michelle réussit à s’imposer la deuxième saison en Allemagne, puis fut grandement courtisée par les plus grands clubs mondiaux, dont les Ottawa Furies ou encore les Amazones de Brasilia. Elle partit finalement plus tard pour le Milan AC, et mis de la distance entre elle et Francis, qui venait d’être licencié par le club allemand.

Francis ne suivit pas Michelle. Il retourna à Luxembourg. Il revit Michelle à quelques occasions, mais les relations étaient devenues purement amicales. Il fut encore sollicité par son frère Mickey pour un poste dans le staff technique au Borussia Dortmund, mais… non, la magie était dissipée.

Après une vraie dépression, Francis finirait par accepter un poste à Mulhouse, où il ne resta que six mois. Puis au FC Metz deux saisons plus tard, toujours sous la houlette de Mickey, non sans penser encore quelques fois… à Michelle Vaillant. Il mit presque trois ans à s’en remettre.

Quant à elle, Michelle, capitaine de Milan et de l’équipe Beneluxienne, avait refait sa vie, et accumulait les titres et les succès.

La carrière de Michelle Vaillant



… et 94 sélections bénéluxiennes, 8 réalisations, 2 titres de championnes d’Europe et 4 titres de meilleure joueuse beneluxienne de l’année.

La carrière de Francis Stevenborg




(Rédigée le 01.02.2022)

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