25. Epilogue

 Dans la Tour du Léman, Mark White se tient devant le tableau holographique qui montre le parcours des 40 équipes engagées dans la Coupe des Coupes. Quel sentiment de fierté encore d’être parvenu à l’impensable, à l’insensé, à l’impossible.

Outro-duction

Nous sommes plusieurs heures après la levée du trophée par Gervase de Brumer, la musique festive et les huit cent invités dans la Tour du Léman au-dessus d’Evian surplombent le Léman Park. La célébration a des relents de la prospérité passée, celle qui avait été mise de côté dans les années sombres du milieu du siècle. Avec la Renaissance en France et ailleurs, le monde se sentait progressivement libéré. Et cette grande fête autour du Lac sonnait comme une apocalypse, le glas d’une époque, l’orée d’une autre. C’est tout cela qui passait dans la tête de Mark devant le tableau de cette compétition belle comme la Coupe des Coupes d’antan et ses tirages aux sorts intégraux.

Servette s’était défait de Rennes, en tour de qualification, puis de Fenerbahce, Celtic Glasgow, l’ancien club de Mark qui était resté humble, puis du Hertha Berlin, d'Anderlecht et enfin de « Grand Milan AC ». Et il fallait réaliser l’exploit en voyant le parcours remarquable de cet immense opposant transalpin, qui avait éliminé successivement le FC Vaduz, l’Austria de Vienne, l’AEK Athènes, et enfin le redoutable Dinamo de Moscou. L’arbre de sélection, qui comprenait tant de capitales (du football), était impressionnant et disait tant sur cette époque, sur les événements des cinquante dernières années.

Tableau de la Coupe des Coupes de l'UEFA 2074-2075

En disant simplement « Liste », Mark fit apparaître la liste des équipes participantes, qui elle-aussi en dit tant sur l’histoire du continent européen, et les forces en présence. Les présences de l’Alliance Hanséatique et de l’Alliance « United » sont évidentes et posent toujours question, et Servette a défendu la sienne : la modeste Alliance des Clubs Grenat, que Barcelone avait quitté depuis bien longtemps. Leurs influences avaient été contenues par l’UEFA du Président Fischer, mais à quel prix ?

Liste des Participants de la Coupe des Coupes de l'UEFA 2074-2075

Epilogue

Toujours est-il qu’une époque se terminait. Les Empires allaient désormais décliner et céder leur place à des états libéraux et souvent pleinement démocratiques. Les Monarchies demeuraient parfois, elles avaient souvent permis de contenir la radicalité qui s’était exprimé dans les Républiques Démocratiques et autres régimes très autoritaires. Le football avait persisté, avec ses changements, ses allers-retours, pour terminer sur un classicisme remarquable. A part le carton orange, et l’arbitrage automatique toutefois suppléé de la présence humaine, on était revenu à la raison sans perdre de spectacle ni de prospérité.

Mickey Stevenborg rejoint Mark White ainsi que sa belle fille Anaïs Simonetta, le trophée holographique se meut devant eux. On trinque dans le silence relatif des sourires fiers et des passions satisfaites. Un cran plus loin face au Lac, c’est Léo Maurizzio, aux anges, qui s’adresse à Ivo, son fils, à Théo Strasser, qu’il connaît bien, au jeune Moritz Fischer aussi, qui préfère la présence de ses coéquipiers à celle de son président de père. Léo est si fier et se lâche : « Votre passion, votre fierté, votre détermination, c’est ça qui vous a donné la victoire. ». Et voilà le père Kallenborn qui a laissé ses fils derrière lui, et qui vient féliciter son ancien coéquipier de Dortmund – « Das ist aber schöner Ehrgeiz gewesen. Heute Abend habe ich das innere Feuer eher bei Servette gesehen. Lieber Leo, ich gratuliere ganz herzlich! Bravo Messieurs, vous êtes l’honneur du football.».

A mesure que le luxembourgeois s’éloignait, Léo, le vaudois, expliquait la tirade, et espérait au fond de lui  que la jeunesse s’en inspirerait au mieux.

Les mots de l’auteur

Ainsi, au milieu d’une Coupe du Monde contemporaine, controversée et toutefois passionnante, se termine une épopée littéraire en ligne, une aventure d’anticipation sur le football du 3e quart du XXIe siècle. La filiation avec le projet « Foot-Ball 20-50 » est sensible, mais l’héritage évolue au gré des Nouvelles qui s’enchainent dans un désordre apparent, sous inspiration historique, cinématographique ou musicale, dans ses dimensions géopolitiques, socio-économiques et sportives. Pour ne citer qu’elles.

Une attention très particulière a été donnée aux personnages récurrents, avec des intrigues enchainées aussi logiques que possibles, expliquées parfois dans la rubrique « Les Personnages ». Que le lecteur sache que les noms de ces protagonistes sont rarement du fait du hasard, que les modèles de scénarios sont issus de l’histoire footballistique comme de l’histoire (parfois sportive aussi) et de la créativité de l’auteur. Les allusions scénaristiques sont multiples, les projections en question peuvent même apparaître vertigineuses.

L’autre attention qui a été donnée concerne la politique internationale qui constitue le contexte des histoires et qui prend parfois le dessus. Les rubriques « Les Nations » et « Les Compétitions » s’appuient sur cette dimension renforcée en supportant le décryptage parfois nécessaire du message.

« Les Clubs », dans ce contexte, demeurent la colonne vertébrale qui donne vie aux joueurs et autres acteurs du football de 2073. Ils évoluent et ont évolué, mais la passion les conserve autant que nécessaire.

En 2073, l’auteur aura (eu) cent ans. Largement moins que l’âge d’un football réel et éternel, celui que Leo Maurizzio décrit dans la précédente ainsi que dans cette ultime Nouvelles de la belle entreprise, qu’a été la construction de l’œuvre « Foot-Ball 20-73 » pendant presqu’un an et demi

Bonne lecture et re-lecture à tous… « until you’re sick of it » !


(Résidée le 27.11.2022)

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