18. Néfaste

 Marcel Blÿe avait hérité de l’argent de son père, armateur gallo-maltais de porte-conteneurs. Jeune homme, il était destiné à développer une partie de l’empire familial, en tant que promoteur immobilier. Il avait ainsi d’abord œuvré sur son île de Malte, pour étendre son activité en Sicile puis en Grèce. Mais différentes mauvaises décisions le firent se tourner vers son autre passion, le football.

D’agent de joueurs à dirigeant de club

En plein développement des alliances entre clubs, Marcel Blÿe était devenu un agent de joueurs dès l’âge de 30 ans, pour ensuite se consacrer à cette activité à 37 ans. Des joueurs comme Dündar Fünf et Adil Taoui, utilisèrent ses services. Des sociétés anglo-méditerranéennes comme NEOSI également. Cependant, son contingent de contrats bougeait de plus en plus, ses émoluments s’accroissaient, et ses affaires privées le conduisirent dans des combines mafieuses.

Il investit de plus en plus dans des joueurs certes prometteurs mais qui traitaient avec des clubs d’Europe de l’Est, de Moldavie, d’Ukraine, la Grande Russie, puis l’Empire Russe, incluant la Biélorussie, ou encore la Turquie, puis l’Empire Perso-Turc. Marcel se rapprochait ainsi de clubs comme le FK Sotchi, Baltica Königsberg-Kaliningrad, mais surtout ensuite le Dynamo de Kiev et le FK Dinamo de Minsk, des clubs rivaux de surcroît, où circulaient de l’argent sale.

Ses transactions entre clubs rivaux furent ensuite dénoncées par le Dynamo de Kiev, ce qui rapprocha Marcel Blÿe à 41 ans du Dinamo de Minsk, dans l’ex-Biélorussie, vassale de longue date de l’Empire Russe. Il s’était alors débarrassé des affaires familiales, y compris l’immense palace de La Valette, pour s’installer aux abords de la capitale bélarusse. Le Dinamo de Minsk et son président Olec Loukachenko misèrent sur Marcel, qui avait échappé aux poursuites de l’UEFA et de sa commission d’éthique grâce aux soutiens des pays de l’Axe.

Marcel Blÿe occupait alors un pompeux poste de Directeur du Football, adjoint du Directeur Sportif, Boris Silikov, dit « Pripiat ».

De nouvelles combines

Un des collaborateurs de « Pripiat » s’appelait alors Duke Wromski, frère cadet d’un malfrat du football, ex-masseur de l’équipe russe tué dans un règlement de compte des plus déplorables. C’est avec lui, que Marcel Blÿe dérivera encore davantage dans les combines et le harcèlement.

Le Dinamo de Minsk s’était enfin décidé à se lancer en 2069 dans une équipe féminine de compétition. Marcel et son ancien réseau d’agents seraient donc solliciter pour recruter des joueuses biélorusses et au-delà. Il irait donc piller quelques clubs formateurs dont le rival du Dynamo de Kiev, mais aussi en Croatie, au Hrvatska de Zagreb, ou en Albanie au Dinamo de Tirana, anciennement liés par une alliance – désormais interdite, pour mauvaises pratiques notamment dans les transferts de joueurs.

Ce sont donc principalement des fins de contrat que Blÿe scrutait, pour compléter un contingent féminin, qui devait rapidement viser le titre national ; même si l’équipe reprise d’un club de banlieue était encore totalement amateure.

Blÿe et Wromski

Duke Wromski était nommé Président délégué pour cette nouvelle équipe féminine. On saurait plus tard qu’il était toutefois aussi impliqué dans un réseau de prostitution, que ses détracteurs, notamment ukrainiens du côté de Kiev, ont alors accusé de financer les activités footballistiques.

C’est ainsi que Blÿe put également débaucher des joueurs russes, cette fois avec des montants de transfert, à partir d’une caisse « noire » venant de Wromski.

Les réseaux de prostitution de Wromski semblaient également servir le club de la capitale avec des services aux dirigeants de tout ordre, voire même aux arbitres.

Si l’équipe féminine ainsi bâtie montait en 2e division biélorusse, il fut toutefois étonnant qu’elle s’emparât également immédiatement de la Coupe Nationale aux dépens du FC Minsk Féminin, un autre club rival. L’arbitrage de la Finale y avait été pour le moins contestable, avec un match qui allait aux tirs au but de façon bien miraculeuse.

Caroline et Mercy

Caroline Cascarino, l’irlando-française descendante de joueurs célèbres, et Mercy Wiltz, gardienne luxemburgo-allemande, qui figuraient cette année-là dans l’effectif de Chelsea, la meilleure équipe britannique, étaient disponibles en prêt. Les deux filles étaient liées de davantage que de l’amitié.

Blÿe saisit l’occasion pour la deuxième saison de son équipe féminine, et mit le Dinamo de Minsk sur les rangs. Là encore, il fit intervenir des fonds secrets et miroiter, grâce à son réseau, un nouveau partenariat dans toute l’Europe de l’Est au club britannique, d’abord impressionné, puis méfiant.

Le double prêt payant fut conclu, mais on n’irait pas plus loin, pour les dirigeants de Chelsea. Blÿe et Wromski, frustrés, se vengeraient petit à petit sur les deux joueuses, Caroline et Mercy. C’est du harcèlement qui s’installera sous la houlette de Blÿe, qui, coupable d’attouchements et d’avances prononcées sur le couple féminin, verra d’abord le prêt interrompu à mi-saison et le club anglais poursuivre le Dinamo de Minsk et ses dirigeants.

Si Wromski put d’abord échapper au pire, Blÿe fut enfin interdit de licence et condamné au pénal.

Outro

L’année de la disparition de Lara Dickenmann, le Tribunal du Sport appuya la décision de l ‘UEFA. Le Dinamo de Minsk fut interdit de compétition européenne chez les hommes et les femmes pendant 5 ans, ses dirigeants de Loukachenko à Wromski en passant évidemment par Blÿe furent interdits d’exercer pendant 10 ans. Le temps pour Blÿe de s’exiler en Crimée (Empire Russe) et de développer d’autres activités mafieuses.

Marcel Blÿe mourra d’une crise cardiaque à l’âge de 57 ans, alors qu’il était braqué par une bande rivale d’origine tchétchène. Trois ans plus tard, Caroline Cascarino vint jeter un pot de peinture rouge sur la tombe du maltais, qui trônait dans un cimetière tatar, pour montrer son désarroi vis-à-vis de l’impunité d’un des plus néfastes dirigeants du XXIe siècle.


(Rédigée le 23.07.2022)

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