21. L'Effet Papillon
Quand, pendant ses vacances d’été en 2022 à Bastia, Arsène Wenger accompagné de sa fille Léa, rencontre Claudius Schäfer, le président de la ligue suisse de football, et sa famille, au restaurant de l’hôtel, il ne se doute pas que la discussion va autant influer l’histoire du football.
Arsène et Claudius
Les deux protagonistes s’étaient croisés par le passé, mais le bernois s’était quand même présenté à nouveau avec son titre au bas-rhinois, alors Directeur du Développement du Football Mondial pour la FIFA. Ils avaient parlé du système de play-offs qui allait alors être instauré, puis intensifié dans le championnat suisse de Football. Ils avaient parlé de la Coupe du Monde au Qatar que le board suisse comptait boycotter, et d’autres choses.
A propos des play-offs suisses
Arsène avait alors dit que le football suisse ne faisait que revenir à une formule qu’il avait déjà explorée par le passé. Mais Claudius lui rétorqua que la nouvelle formule fut bien plus poussée, avec 12 équipes (au lieu de 10) qui ne s’affronteraient plus qu’une seule fois en matchs aller-retour, déjà une petite révolution en soi.
Puis, comme le disait le quotidien helvétique Le Temps dans son édition en ligne : « elles seront réparties en deux groupes au sein desquels on procédera à deux nouveaux tours complets (10 matchs). Ensuite, les deux premières du « Championship Group » se disputeront le titre national lors d’une série au meilleur des trois matchs, idem pour les deux dernières du « Qualification Group » afin de désigner la formation reléguée. Les 8 clubs restants participeront à une sorte de tournoi avec, en jeu, la participation aux compétitions continentales ».
Concrètement, cela signifiait par exemple qu'une formation pouvait terminer deuxième du classement avec 15 points de retard après 32 matchs et être sacrée championne. Et que le dixième de la « saison régulière » pourrait encore accrocher l'Europe en réussissant son sprint final.
Ça ne choquait pas plus Arsène que cela, lui qui défendait désormais une Coupe du Monde tous les deux ans. Mais Claudius, de s’expliquer, de redire que les fans du foot suisse n’étaient pas favorables à un système non éthique et très commercial, qui accroitrait peut-être encore les écarts financiers entre les clubs. C’était aussi un rythme saccadé qui s’installait, qui mêlait au Championnat, un esprit de Coupe, un drôle de mélange des genres.
Claudius défendit le point de vue des supporters, Arsène l’écoutait. C’est la discussion d’avec sa fille Léa, une espèce de debriefing, qui convint Arsène d’en reparler quelques jours plus tard à Gianni Infantino, qui vivait ses derniers mois à la tête de l’institution internationale.
Scandale !
Après sa destitution, Gianni en parla à Dominique Blanc, le président de l’Association Suisse de Football, qui après seulement 2 saisons fit revoter les clubs de la Swiss Football League. Et scandale ! On choisit alors une formule encore plus poussée : Seulement 3 ans après sa formule instituant des play-offs, la première division suisse irait encore plus loin.
Sous la houlette des dirigeants des FC Sion, FC Chiasso et Grasshopper Club Zurich, tous les trois dans des passes difficiles, la formule fut aménagée avec un tour de Coupe à 3 matchs après la première partie du championnat, opposant le 1er au 12e (2x à domicile pour le 1er), le 2e contre le 11e (idem), le 3e contre le 10e, etc. Le « Qualification Group » qui s’en suivrait (avec les perdants du tour de Coupe), libérait 2 équipes les moins bien classées qui rejoindraient alors les 2 premières formations de Challenge League (la 2e division suisse) pour un tour de promotion relégation plus poussé. Les Qualifications européennes se disputeraient toujours en partie entre les déchus du « Championship Group » (issus des vainqueurs du tour de Coupe) et les saufs du « Qualification Group ».
Une formule encore plus compliquée dans laquelle un tour de Coupe, certes en 3 matchs, décidait de bien des choses pour la suite du championnat, du titre, des relégués, des Coupes d’Europe.
Fiasco auprès des supporters. Boycott des matchs de Coupe. Accusation de certains clubs (comme les FC Bâle et Young Boys de Berne) envers d’autres. Démission de Claudius. La nouvelle formule ne tint qu’une saison, avec en vainqueur l’étonnant FC Winterthour ; puis, on revint à une formule classique de 12 clubs, des allers-retours, puis un tirage au sort pour tirer le dernier tour et les équipe qui joueraient à domicile certains matchs et pas d’autres. C’est alors le Servette FC qui retournerait au-devant de la scène.
Une sortie équitable
Cette formule de sortie avait fini par calmer les supporters et les suiveurs du football, d’autant qu’elle s’accompagnait du retour de la Coupe de la Ligue Suisse avec une formule intéressante, opposant 7 des équipes de Super League non qualifiées en Coupe d’Europe et le Champion de Challenge League (ou son dauphin en cas de qualification) pour les Quarts, puis Demi-finales en Aller-retour et une belle finale jouées le jour de la Saint-Nicolas.
Cette nouvelle formule des Championnats et de la Coupe de la Ligue tint entre 2027 et 2076, pendant 50 saisons d’affilée en Suisse.
A propos de la Coupe du Monde au Qatar
Lors de la discussion entre Arsène et Gianni en 2022, les deux protagonistes du football mondial allaient bien entendu aussi adresser la question de la Coupe du Monde au Qatar de la même année. De son mode de décision, de ce choix discutable, des aspects éthiques entourant ces choix, et du changement climatique. Claudius toucherait la corde sensible de Léa, fille d’une génération concernée par les sujets environnementaux, ce qui avait par effet domino via Arsène touché Gianni et son nouveau comité éthique, nouvellement instauré avec Maria Rojas, la Colombienne déjà impliquée dans les Commissions du même nom, mais aussi avec Lara Dickenmann, qui commençait son ascension dans l’institution internationale du football.
Maria et Lara savaient que la prochaine Coupe du Monde au Canada, aux Etats Unis et au Mexique était déjà décidée, mais il y avait encore le temps de faire d’autres choix pour 2030, et la Coupe du monde du Centenaire.
Histoire de la Coupe du Monde
Tout est d’abord bouleversé avec l’annexion de Taïwan par la Chine et la guerre dans le Pacifique, la création de l’Empire Chinois et le report puis l’annulation de la Coupe du Monde de 2030. Donc pas de Coupe du Monde du Centenaire.
Si la quadruple candidature de l’Espagne, du Portugal, du Maroc et de l’Uruguay avait d’abord été décalée pour 2034, sous influence de lobbies et d’un besoin convaincu de montrer que le football était devenu un sport intercontinental, c’est un nouveau drame qui survint.
La canicule sèche de 2033 et les incendies dévastateurs de la même année en Europe de l’Ouest et Espagne et au Portugal de façon critique, feront changer les plans. Lara participa ainsi au choix de dernière minute de rabattre la Coupe du Monde sur l’Argentine, et quelques matchs en Uruguay pour 2034. Il est vrai qu’on ne pouvait plus se permettre de décaler une Coupe du Monde après l’annulation de 2030.
C’est pour 2038 que les choses bougèrent proactivement. Lara avait finalement pris la tête du Comité d’éthique, et de la Présidence-déléguée pour la promotion du football féminin – et son avis pesa dans la balance pour cet événement et les suivants, résolue qu’elle était de prendre les choses en main de façon déterminée et stratégique.
Il conviendrait désormais d’organiser des Coupes du Monde dans des pays aux températures tempérées et avec des bases démocratiques et de droit du travail reconnues. Le choix du Sud de l’Australie s’imposa pour 2038, et un choix favorable à l’Islande et au Groenland pour la suite. En attendant une stabilisation du climat via les mesures industrielles draconiennes prises en Amérique du Nord, en Europe et en Océanie. Les Empires suivaient difficilement.
L’effet Papillon
Voilà donc comment à l’hôtel Alivi à fin Juillet 2022 se sont livrés quelques coups d’ailes d’un papillon, passant par le souffle et le jugement de l’homme de Duttlenheim, de sa fille surtout, et les institutions mondiales, via des tornades certes, mais qui eurent plus tard des effets (bénéfiques) sur toute la planète.
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