14. Le Retour de la France

 L’équipe de France de Football n’avait rien gagné depuis la Ligue des Nations en 2021, ça faisait maintenant plus de 50 ans.

La renaissance par l’Equipe féminine

Si le Football français masculin s’était progressivement détérioré et ne s’en remettait pas vraiment, probablement lié à des raisons de politiques générales et sportives, le football féminin venait quant à lui au secours des espoirs, depuis la Renaissance de 2068. Au championnat d’Europe de Football Féminin de 2074, la France se présentait enfin avec une équipe reconstruite et quelque peu éprouvée depuis la qualification et le parcours prometteur de la Coupe du Monde féminine de 2071, avec un Huitième de Finale défaisant les Bleues contre la Grande Bretagne unifiée.

Le Championnat d’Europe féminin de 2074

Dans cette nouvelle compétition internationale se disputant en Ecosse, la France et son entraineur-joueuse Zahia Cadamuro, s’était d’abord sorti d’un groupe compliqué, où la Suède avait été écartée sur un bel exploit des françaises (une victoire 3-2) et un parcours bien moyen par ailleurs pour des Scandinaves réputées comme la 4e nation mondiale. En Quart de Finale, la France devait affronter une équipe Islando-groenlandaise redoutable, même si les pronostics étaient relativement équilibrés, les couleurs bleues reprenant de leur force et de leur impact auprès des spécialistes.

A Edimbourg, qui devait être la base de l’équipe de l’hexagone et de sa capitaine Tessa Kingsley (27 ans), les Bleues affrontaient donc des Filles Nordiques, vice-championnes en titre. Et les françaises continuèrent à construire la légende en s’imposant 5-2, grâce à des buts d’Eileen Fofana-Cascarino (12e et 59e), Leila Meziane (19e), Myriam Lëtzebuergh (42e) et Kim Catherine (45e). La domination avait été flagrante en première mi-temps, ce qui avait permis à Zahia Cadamuro de (se faire) rentrer, et de faire débuter la Mosellane Aïmen Furbacher-Tahri.

Une Demi-Finale sous tension

En Demi-Finale, c’était désormais les Championnes en Titre qu’il fallait défier ; les Allemandes et leur super-vedette Ruth Abdujaparova. De surcroît, sans pouvoir aligner l’expérimentée vice-capitaine tricolore Anaïs Simonetta, forfait suite à une blessure. Les compositions qui allaient s’affronter ne présentaient par ailleurs pas de surprises :


Une grosse tension pesait sur l’immense stade de la capitale écossaise ; et si seulement quelques petits milliers de supporters français s’étaient déplacés, ils étaient des dizaines de milliers d’allemands. Les deux camps étaient séparés d’une belle cohorte de spectateurs locaux et neutres.

Si l’Allemagne avait écarté la Roumanie et la Pologne dans son groupe, elle avait surtout brillé contre l'Empire Russe et le Portugal, en Huitième puis en Quart de Finale. Autant dire que les places fortes du football étaient prises, et que l’Allemagne était leur bourreau. Jenny Sallfeld n’avait encaissé que 2 buts de toute la compétition, alors que Ruth Abdujaparova en était à sa 6e réalisation.

La première mi-temps

Le match débute et, tout de suite, la Mannschaft est à l’attaque, plus physique et visiblement plus déterminée. Si les françaises résistent vaillamment pendant le 1er quart d’heure, elles ne se procureront aucune occasion avant le milieu de la première période. Et entre-temps. la n°7 Zell-Dörfel crucifie Taoui-Alphand. C’est 0-1, dès la 17e.

Un peu assommées, les françaises vont se concerter et progressivement jouer plus décontractées ; une espèce de retour du football éclairé, débridé, libéré, que certains appelaient le « football champagne ». A l’approche de la demi-heure de jeu, les combinaisons entre Pompidou, Meziane et Lëtzebuergh sont de plus en plus dangereuses. Les supporters français entonnent même la Marseillaise, et à la 27e c’est un pénalty, qui est obtenu par la n°10 française. Et elle le transforme. 1-1.

Ce score de 1-1 va non seulement amener les deux équipes à la mi-temps, mais aussi contribuer à l’augmentation de la tension sur le terrain, les deux équipes se méfiant de plus en plus l’une de l’autre, et jouant toujours davantage sur leurs propres forces.

La deuxième mi-temps

La deuxième période est totalement dans cet esprit de tension. La gardienne allemande devenant légèrement agressive avec les avants françaises, elle écope d’un carton jaune puis plus tard d’un carton orange sur une faute scandaleuse contre Cathy François qui se présentait devant elle. L’occasion pour la remplaçante Mercy Wiltz de rentrer et débuter en Coupe du Monde.

Les françaises n’en profiteront pas, en déjouant quelque peu, toujours sous les coups de boutoir physique des opposantes d’outre-Rhin. En fait, rien ne sera inscrit dans cette deuxième période. C’est 1-1, à l’issue du temps réglementaire.

La prolongation

Et c’était donc le grand retour des prolongations de deux fois quinze minutes en Coupe du Monde de Football. Corner pour la France, et qui surgit du fin fond de sa défense ? Amandine Trésor effectue une reprise légendaire et offre le 2-1 à l’équipe de France à la 92e. Soudain, on se met à croire que tout est possible

Mais l’histoire a aussi montré que la sur-confiance, la perte de concentration, la démobilisation pouvaient être fatales. Les filles de l’entraineur Cadamuro ne voulaient pas tomber dans ce biais. Pourtant les Bulldozers allemandes étaient désormais à l’assaut.

Mais sur un contre, les françaises triangulent et c’est la petite Leila Meziane qui inscrit un 3-1 sèchement tiré des 20 mètres, à la 98e. « On va le faire » se dit-on sur le banc français, sans considérer l’extrême frustration des germains d’en face.

Et Ruth Abdujaparova ne se fera pas priée ; et sur une déviation, elle inscrit le 3-2 dès la 102e, trompant une Zilliane Taoui-Alphand peu à son affaire, elle qui était pourtant l’héritière d’Adil Taoui et de Luc Alphand, des grands champions tricolores.

La tension est à son comble, les françaises s’acculant maintenant dans leur surface et les allemandes jouant tout pour l’offensive. Va-t-on tenir ? Cadamuro hésite à entrer, et ne se décide que pour la deuxième période des prolongations.

Rien n’y fera. Samira Ali, l’arrière centrale du Bayern, trouvera l’égalisation dans la surface française, sur un retourné improbable. C’est la 108e minute et c’est 3-3.

Myriam Lëtzebuergh, également joueuse du Bayern mais du côté français, remobilisera ses troupes. Il fallait endiguer la fuite, et ne plus encaisser. Et pourquoi ne pas offrir le gain de ce satané match ?

Les tirs aux buts

Le score en restera finalement à ce 3-3, que les joueuses de la Fédération seront également satisfaites d’avoir pu atteindre.

On va donc assister aux tirs aux buts et ses duels implacables, mettant notamment en avant les deux gardiennes. Et là c’est une autre histoire qui va démarrer.

Touchée dans son for intérieur, la lyonnaise Zilliane Taoui-Alphand s’était fait remonter le moral comme jamais par Myriam Lëtzebuergh, vraiment héroïque. Et elle se distinguera comme jamais dans cette séance, toujours sous haute tension.

Les 4 premières tireuses mettent le ballon au fond des filets. Et c’est là qu’intervient Zilliane Taoui-Alphand. Elle a insisté pour pouvoir tirer et c’est son tour. Son tir touche les deux poteaux opposés et termine au fond, et c’est d’un point rageur et désormais sûr qu’elle montre à son public que la victoire sera pour elle. Plus aucun tir allemand ne rentrera.

Même Ruth Abdujaparova, froide et dure, écrasera son boulet de canon sur le poteau droit de Zilliane.

L’apothéose

La France s’impose finalement 4-2 aux tirs aux et élimine l’Allemagne. L’équipe est en pleurs, car enfin la France renoue avec la Finale.

Un grand match d’anthologie, et qui efface un bien triste passé, quelque peu amer – peut-on ajouter.


(Rédigée le 12.02.2022)

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